Yoga pour le corps subtil : les vayu – partie 1

Temps de lecture : 7 minutes

Prana se décline dans le corps sous forme de cinq énergies qu’on appelle les vayu ou pancha prana : Prana, Apana, Vyana, Samana et Uddana. Chaque vayu est un caractérisé par sa localisation, son mouvement d’énergie et possède des fonctions au niveau des corps physique et subtil.

Il existe aussi cinq vayu mineurs que nous verrons un peu plus loin.

Cet article est une modeste synthèse de notre compréhension de la dynamique des vayu à travers diverses lectures et pratiques. Le sujet est très vaste. Certaines divergences sur la localisation des vayu et leurs directions subsistent. Elles sont probablement liées à l’expérience des différents auteurs et à leur manière de relater cette expérience par des mots. N’oublions pas que ces énergies circulent autant dans le corps physique que subtil et qu’elles se manifestent quasiment tout le temps ensemble, d’où la difficulté de percer leur essence. Mais n’avons-nous pas toute une vie pour le faire et peut être plus ?

La prise de conscience des vayu permet de les renforcer, d’identifier d’éventuelles faiblesses et de maintenir ainsi un bon équilibre au niveau des trois corps pour évoluer sur le chemin spirituel. Les pratiques d’asana, de pranayama et de mudra permettent de mieux percevoir les vayu puis d’utiliser cette perception pour une pratique plus subtile et plus efficace.

« Si vous comprenez comment distribuer le Prana, vous pouvez accomplir l’union des énergies de l’individu et de l’univers. »

B.K.S Iyengar

Commençons d’abord dans ce premier article par la description des cinq vayu principaux ou maha vayu.

PRANA VAYU : l’énergie d’absorption et d’attraction

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Prana vayu est aussi appelé Sthoola Prana. Selon Swami Satyananda et la plupart des textes yogiques, il est situé dans la région du cœur.

Prana vayu gouverne la respiration, l’assimilation des impressions et désigne littéralement le mouvement qui nous porte vers l’avant. C’est l’énergie qui reçoit, qui attire et qui dynamise tous les kosha, et qui agit en synergie avec Apana. Prana est plus actif durant le jour alors qu’Apana est plus actif durant la nuit.

Le mouvement de Prana et son association à l’inspiration et à l’expiration font l’objet de divergences. Alors que certains l’associent à l’inspiration et à un mouvement vers le haut et vers l’intérieur, d’autres lui attribuent un mouvement vers le bas (vers le nombril) et l’associent à l’expiration (cf. l’ouvrage « Vayu’s gate : Yoga and the ten vital winds » d’Orit Sen Gupta). Certains lui attribuent un double mouvement vers le bas et vers le haut (cf. « Kundalini Tantra » de Swami Satyananda).
Notre opinion personnelle, est qu’Apana et Prana font l’objet d’un double mouvement vers le bas et vers le haut, peut être liés aux nadi Ida et Pingala, mais que Prana est particulièrement bien perçu à travers le mouvement énergétique qui se fait vers le haut à l’inspiration pendant que l’air descend vers les poumons et que le diaphragme se contracte.

Niveau physique : Prana vayu est responsable de l’absorption de tout ce que nous mangeons, buvons, respirons… Il assure la disponibilité de l’énergie dans le corps et provoque les sensations de faim et de soif. Il assure le bon fonctionnement du cœur et des poumons, ainsi que le maintien de la température du corps et la bonne santé des organes de perception.

Niveau subtil : il est généralement associé à Anahata chakra et à l’élément Air, il énergise l’ensemble des kosha et gère l’absorption de l’énergie au niveau de Pranamaya kosha. Au niveau mental, il est responsable de l’absorption des impressions et des idées. Quand Prana est fort, on exprime des qualités supérieures du cœur comme la force, le courage et la capacité d’entreprendre.

Signes de déséquilibre : dysfonctionnement du cœur et des poumons, difficulté à assimiler les impressions positives, à se concentrer et à accéder à la connaissance intuitive.

APANA VAYU : l’énergie d’élimination

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Apana régit l’élimination et l’excrétion physique (selles, urines, accouchement…), mentale et émotionnelle. C’est le souffle de l’ancrage et de la purification. Il signifie littéralement l’air qui s’en va au loin. Il se situe entre le nombril et le périnée et se dirige aussi vers les jambes. Il s’expérimente dans les mouvements vers le bas et vers l’extérieur.

Apana agit en synergie avec Prana dans un double mouvement ascendant et descendant et se perçoit particulièrement bien dans l’expiration.

Niveau physique : Apana vayu gouverne toutes les fonctions d’élimination, ainsi que les zones du colon, des reins, du rectum et des organes génitaux. Il permet aussi la sortie du bébé lors de l’accouchement. Il assure l’équilibre de notre système immunitaire en rejetant tout ce qui peut nuire au corps.

Niveau subtil : il est généralement associé à Muladhara chakra et à l’élément Terre (même s’il contient aussi l’élément Eau et agit dans la région de Svadhisthana chakra). Il permet d’éliminer les émotions négatives et les mauvaises habitudes, de bénéficier de plus de clarté. Les pratiques tantriques permettent de faire monter Apana pour le réveil de la Kundalini, mais ceci n’est possible et souhaitable que s’il a été purifié au préalable grâce à des pratiques et une alimentation appropriées. Pour les communs des mortels que nous sommes, il est donc important de maintenir Apana au niveau du premier chakra et de persévérer dans les pratiques de purification afin qu’il serve d’ancrage à la pratique spirituelle.

Signes de déséquilibre : mauvaise élimination, dépression et négativité.

SAMANA VAYU : l’énergie d’équilibre et d’assimilation

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Situé au niveau du plexus solaire entre le nombril et le diaphragme, Samana équilibre Prana et Apana et l’ensemble des koshas. Samana soutient les organes digestifs ainsi que Jatharagni (le feu digestif) et est responsable de l’assimilation. Littéralement, Samana veut dire air équilibré et va de la périphérie vers le centre dans un mouvement centrifuge. C’est lui qui va permettre l’unification de Prana et Apana.

« Si nous maîtrisons l’énergie équilibrante, le corps devient radieux »

Yoga Sutra 3 Verset 41

Niveau physique : Samana vayu active et maintient les organes digestifs et leurs sécrétions et gouverne le métabolisme. C’est la force qui permet de digérer et de séparer les nutriments des toxines et des déchets. Il gouverne aussi l’absorption de l’oxygène durant les suspensions de souffle.

Niveau subtil : il est généralement associé à Manipura chakra et à l’élément Feu (même s’il contient aussi l’élément eau et que son action englobe Svadhisthana). Il concentre, absorbe et digère la force de Prana. Tout comme pour la nourriture, il permet de digérer les émotions et les impressions mentales. Samana permet aussi de se connecter à sa vitalité et sa puissance et de pouvoir faire face aux défis avec sérénité.

Signes de déséquilibre : Troubles digestifs, fatigue, blocages psychologiques.

VYANA VAYU : l’énergie de circulation

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Vyana vayu est situé dans tout le corps, il permet la circulation à tous les niveaux. Il soutient l’activité des autres vayu et est fondamental à l’épanouissement. Il permet de faire circuler l’énergie et les nutriments digérés par Samana, mais aussi de déloger les déchets aux niveaux physique et subtil pour les faire éliminer par Apana.   

Niveau physique : Vyana vayu contrôle et équilibre tous les mouvements volontaires et involontaires et gouverne la locomotion. Il est responsable aussi de certaines réactions de notre peau à l’environnement comme la chair de poule et la transpiration. Il soutient l’activité des autres vayu et permet d’avoir un regain d’énergie. Il transporte les nutriments et l’oxygène à travers tout le corps et s’assure que les déchets soient retirés pour être éliminés par Apana. Il est localisé dans tout le corps même si certains le localisent au niveau du cœur.

Niveau subtil : associé parfois à Svadhistana et à l’élément Eau, il est aussi associé à Anahata, à l’élément Air et même parfois à l’élément Ether par son pouvoir de rayonnement. Il circule dans le corps subtil à travers les nadi et est le véhicule de la conscience et du Prana. Il permet la circulation à travers les cinq kosha et est responsable de leur différentiation. Il permet de communiquer avec le monde extérieur, d’ouvrir le cœur et d’éveiller le désir de liberté.

Signes de déséquilibre : manque de coordination, tremblements, engourdissements.

UDANA VAYU : l’énergie d’ascension et d’expression

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Udana vayu est situé dans la région du cou et de la tête, c’est littéralement le souffle qui transporte vers le haut, c’est lui qui nous élève vers des sphères plus subtiles. D’après Swami Satyananda, il est également localisé dans les extrémités du corps, et possède un mouvement ascendant en spirale.

« Grâce à la maîtrise de l’Udana, on peut s’élever au-dessus de l’eau, de la boue et des épines, et ne pas en être affecté »

Yoga Sutra 3 Verset 41

Niveau physique : Udana vayu contrôle et coordonne les mouvements des bras, des jambes, du cou et de la tête. Il permet de parler et de produire les sons. Il est aussi responsable de tous les organes sensoriels et contrôle le système nerveux. Il gouverne les trois organes d’action (karmendriyas) que sont la voix, les pieds et les mains, les deux autres (anus et organes génitaux) sont gouvernés par Apana. Udana permet aussi l’endormissement et soutient Prana pendant la respiration.

Niveau subtil : Udana est associé à l’élément Ether et au chakra Vishuddhi, son mouvement ascendant l’emmène vers Ajna et Sahasrara chakra. Il se révèle à travers notre enthousiasme, et notre capacité à nous exprimer pleinement. Il apporte de l’énergie aux kosha du plus grossier au plus subtil, et maintient la relation entre les trois corps physique, subtil et causal.  Lorsque le yogi fixe son attention sur Udana, il se libère de la faim, de la soif, du sommeil et de la somnolence.

Signes de déséquilibre : incapacité à s’exprimer, difficultés de respiration, évanouissement, manque de volonté et d’enthousiasme, discours non structuré.

Les cinq upa vayu

Il s’agit de Naga, Kurma, Krikala, Devadatta et Dhananjaya, ils sont cités dans la Gheranda Samhita et la Shiva Samhita.

Naga est responsable des éructations, du vomissement et du hoquet.
Kurma gère le clignement des yeux, les maintient lubrifiés et en bonne santé.
Krikara est responsable des éternuements, de la toux et gouverne la faim et la soif
Devadatta gouverne le baillement
Dhananjya est présent dans tout le corps, il influence le travail des muscles, des artères et de la peau. C’est le dernier prana à quitter le corps après la mort. Dans la Shiva Samitha, Dhananjya est associé au hoquet, alors que la Gheranda Samitha considère que ce vayu est présent dans tout le corps. 

Alors que Swami Satyananda explique que les upa prana sont proches d’Udana et en sont presque des sous vayu, certains autres enseignants, comme Indu Arora, considèrent qu’ils sont des « déchets » des vayu principaux qu’on pourrait qualifier de cinq apana (Krikara pour Prana, Naga pour Samana, Dhananjya pour Vyana, Devadatta pour Udana et Kurma pour Apana).

Dans tous les cas, pour maintenir l’équilibre des vayu et donc du corps, il est primordial de ne pas contrarier les différentes manifestations d’élimination, ceci est particulièrement important pour préserver la vitalité et augmenter l’immunité.

Ainsi se termine ce premier article sur les vayu, les prochains articles aborderont le métabolisme du Prana,ainsi que des pratiques d’Asana, Pranayama, Kriya et Dharana pour ressentir et renforcer les vayu majeurs.

Sources: « Prana, Pranayama, Prana Vidya » de Swami Niranjananda Saraswati, « Yoga solution anti-stress » Patrick Vesin et Locana Sansregret, « Yoga ancient heritage, tomorrow’s vision » Indu Arora, enseignement d’indu Arora et Cyrus Fay

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