Yama – Ahimsa

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Ahimsa le premier et le plus important des yama car tous les autres en découlent. C’est également le plus difficile à pratiquer de manière complète. Manu précise dans ses lois que c’est le moyen le plus élevé de libération et la base de départ du travail spirituel.

Ahimsa est généralement traduit par non-violence, non-agressivité et parfois plus précisément par non-nuisance. Il s’agit de ne tuer ou blesser aucun être ni heurter ses sentiments en pensée, en parole comme en action, par exemple :

  • utiliser l’analyse introspective et la discrimination pour ne pas laisser la violence entrer dans le champ mental et émotionnel ;
  • éviter d’insulter, parler avec colère ou volonté de nuire et au contraire cultiver la parole emplie de gentillesse, amour et douceur ou alors rester silencieux et écouter ;
  • ne pas blesser physiquement, laisser faire ou encourager des actions violentes ; cela peut mener à un mode de vie sain, à l’alimentation consciente voire au végétarisme ainsi qu’à l’écologie.

Avant de parler, demandez-vous : est-ce gentil, est-ce nécessaire, est-ce vrai, est-ce que cela améliore le silence ?

Shirdi Sai Baba

Le mot Ahimsa est également traduit de manière positive par compassion. Swami Sivananda va même jusqu’à l’identifier avec l’Amour suprême et le décrit comme la force la plus grande au monde. La pratique de la non-violence envers soi et envers les autres est un chemin vers compassion et l’amour inconditionnel via l’identification avec tous, toute chose, avec le Soi.

Si vous êtes établi dans Ahimsa, vous avez atteint toutes les vertus. Ahimsa est le pivot. Toutes les vertus tournent autour d’Ahimsa. Le pouvoir d’Ahimsa est supérieur à celui de l’intellect. Il est facile de développer l’intellect, mais c’est difficile de purifier et de développer le cœur.

Swami Sivananda Saraswati

Ahimsa est le non-jugement et respect de l’autre dans sa différence, dans sa manière unique d’exprimer la vie et le divin. Ahimsa conduit alors aussi à l’absence de peur. A l’inverse, la violence est le manque d’amour.

La perfection de ce yama entraine la cessation de toute violence en présence du yogi, telle la lumière de l’amour universel qui disperse les ténèbres. L’émergence d’un environnement paisible, d’un rayonnement magnétique protecteur sont des conséquences de l’intégration d’Ahimsa. La paix de l’esprit et la compassion sont les réels objectifs d’Ahimsa qui n’est pas pratiqué pour des raisons purement morales ou éthiques.

Ahimsā-pratishthāyam tat-samnidhan vaīra-tyāgah.

Si quelqu’un est installé dans la non-violence, autour de lui, l’hostilité disparaît.

Yoga Sutras II.35

Cela ne signifie pas pour autant qu’il faut devenir passif ou résigné car prévenir la violence et protéger autrui peut nécessiter pensées, paroles ou actions actives et énergétiques. Au final plus que la pensée, la parole ou l’acte c’est l’intention qui compte le plus. Elle peut transformer un acte apparemment non-violent en acte violent et vice-versa. C’est le paradoxe auquel est confronté Arjuna dans  la Bhagavad Gita : combattre mais sans intention de nuire, avec compassion et non-attachement au résultat de l’action. Et l’on peut-être un tyran végétarien.

Ahimsa est l’idéal le plus élevé. Il est destiné aux courageux, jamais aux lâches… Aucune puissance sur terre ne peut vous subjuguer lorsque vous êtes armé de l’épée d’Ahimsa. Il ennoblit à la fois le vainqueur et le vaincu.

Gandhi

Appliqué aux asana, Ahimsa signifie non-violence envers soi-même et notamment son corps physique. Par exemple en respectant ses limitations, en graduant la pratique et en ne confondant jamais zone d’effort et zone d’inconfort. Trouver et respecter sa limite se pratique aussi bien au niveau physique, qu’émotionnel ou mental.

Source : « Mudras for healing and transformation » de Joseph et Lilian Le Page

Kaputa mudra, ou geste de la Colombe (symbole universel de paix), permet de diriger le souffle, l’attention et l’énergie vers le sanctuaire intérieur qu’est le cœur. Cela permet de cultiver la compassion, l’empathie et  l’expérience de l’unité, bases mêmes d’Ahimsa. A pratiquer les mains jointes au niveau du cœur.

La pratique d’Ahimsa pendant une journée, une semaine, un mois, une vie permet d’identifier, d’observer et d’apprivoiser ses pensées, paroles et actes violents ou nuisibles envers soi comme autrui.  Swami Niranjanananda propose des périodes de quinze jours pour expérimenter chaque yama et niyama. Il ne s’agit pas d’une discipline cherchant à refouler ou réprimer mais plutôt d’accepter ce qui est pour le dépasser et ne plus être inconsciemment conditionné et influencé.

Il peut être plus facile de procéder de manière graduelle en commençant par l’observation et le contrôle au niveau physique, puis des paroles et enfin des pensées. Pour être complète, outre le fait de restreindre la négativité, la sadhana doit également comprendre l’aspect positif d’Ahimsa : il s’agit donc de cultiver la compassion et l’amour inconditionnelle en pensées, en paroles mais également en actes.

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